Au Yémen, la guerre civile a engendré une « famine de masse » : une nouvelle analyse parle de 85 000 enfants de moins de 5 ans qui seraient morts de faim.
Alors qu’un projet de résolution au Yémen présenté par la Grande-Bretagne au Conseil de sécurité de l’ONU appelle à une trêve immédiate dans la ville portuaire d’Hodeïda, les combats ont repris entre les rebelles et la coalition sous commandement saoudien. Les avions de la coalition pilonnent les forces rebelles, les affrontements sont violents. C’est pourtant par ce port que transite l’essentiel de l’aide humanitaire.
L’organisation Save The Children est sur place et a signalé « 100 frappes aériennes pendant le week-end, soit cinq fois plus que pendant toute la première semaine d’octobre. »
« Cette grave escalade autour de la plus importante ville portuaire du Yémen pourrait mettre des dizaines de milliers d’enfants dans le feu de l’action et étouffer la livraison d’aliments et de médicaments dans un pays où nous estimons que l’extrême faim et la maladie tue en moyenne 100 enfants par jour. »
Selon une nouvelle analyse de cette organisation, « 85 000 enfants de moins de 5 ans seraient morts de faim ou de maladie extrême depuis que la guerre au Yémen s’est intensifiée. » Il y a un an le blocus imposé par la coalition pendant un mois, avait fait considérablement augmenter leur nombre.
22 millions de personnes ont besoin de toute urgence d’une assistance vitale. 3 yéménites sur 4. Parmi eux, 11 millions d’enfants. Sur place les responsables sont témoins de l’horreur. David Beasley, directeur du Programme Alimentaire Mondial des Nations-Unies s’est rendu sur place :
« Mon cœur s’est brisé avec ce que j’ai vu à l’hôpital de Hodeïda. Les enfants, tellement mal nourris qu’ils n’ont guère plus que de la peau et des os, sont allongés là, avec à peine la force de respirer. »
Save The Children dénonce la triple menace qui pèse sur les yéménites : la faim, la maladie et les bombes. Tamer Kirolos, directeur de l’organisation, rappelle que « pour chaque enfant tué par des bombes et des balles, des dizaines de personnes meurent de faim et cela est totalement évitable. » Face à ce désastre, les parents regardent leurs enfants mourir, dans une impuissance indicible.
« Les enfants qui meurent de cette façon souffrent énormément du ralentissement de leurs organes vitaux, qui finissent par s’arrêter. Leur système immunitaire est si faible qu’ils sont plus sujets aux infections. Certaines personnes sont trop fragiles pour pleurer. Les parents doivent voir leurs enfants dépérir, incapables de faire quoi que ce soit. »
La rédaction